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«Les ÎLES CANARIES»

 

LA GOMÉRA.
 


La plus petite des îles est un véritable paradis.....
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«LE SILBO GOMÉRO.»
Ce texte est de FLORENCE MOREAU,
enseignante au Lycée Vaucanson à Tours.


Silbo, en espagnol, veut dire siffler. Bien que ce ne soit pas considéré comme un modèle de politesse, il est très commun de siffler pour appeler quelqu'un. Toutefois, on ne le fait que pour attirer son attention, et celle-ci obtenue, on communique son message par le biais du langage parlé.
L'originalité des langages sifflés en général et du silbo gomero en particulier, c' est qu' il s' agit de langages qui peuvent transmettre n' importe quelle idée venant à l' esprit du locuteur, avec les mêmes détails et précisions que le langage parlé. Il est alors possible de transmettre des messages aussi complexes que "Untel est malade" ou "Viens manger et au passage apporte de l'eau" Ce sont des phrases sifllées comme celles-ci que l' on peut entendre sur les pentes escarpées de l' île de la Gomera aux Canaries.

• Où l' emploie-t-on ?
• Pourquoi silfflent-ils au lieu de parler ?
• C' est une langue ?
• A quoi cela ressemble-t-il ?
• Comment le cerveau le perçoit-il ?
• Quelle est son origine?
• A quelle époque et dans quelles circonstances s' utilisait-il ?
• Existe-il encore ?
• Peut-il disparaître ?


1- Où l' emploie-t-on?

Le silbo gomero est employé sur l'ïle de la Gomera, l'une des îles de l'archipel des Canaries. Les Isles Canaries se situent dans l'Océan Atlantique au large des côtes du sud du Maroc. Elles sont séparées de celui-ci par un bras de mer de 94 kms, et s'étendent entre les 27ème et 30ème parallèles et et à une longitude située entre les 18ème et 12ème approximativement.
C'est un ensemble de sept îles, au climat sub-tropical très agréable, sous l'influence à l'est des vents sahariens donc assez aride, bien plus verdoyant à l'ouest. Les Iles Canaries appartiennent à l'Espagne ; c'est l'une des régions autonomes du pays, elle est formée deux provinces : La province des Canaries Orientales ou de Las Palmas de Gran Canaria comportant les îles de Gran Canaria, Fuerteventura, Lanzarote-Graciosa. La province des Canaries Occidentales ou de Santa Cruz de Ténérife avec les îles de Hierro, La Palma, La Goméra, Ténérife. La langue officielle est, comme en Espagne, l'espagnol ; celui des Iles Canaries est légèrement différent et les linguistes l'appellent canarian.

2- Pourquoi sifflent-ils au lieu de parler?

Siffler pour communiquer n'est pas le seul fait des habitants de l'Ile de la Gomera. On trouve ce mode de communication dans des zones de la planète très variées comme au Nepal, chez les indiens Zapotèques des montagnes d'Oaxaca au Mexique et même en France dans les Pyrénées. Les lieux où l'on utilise ces langages sifflés ont des points communs : tous sont des zones montagneuses où les communications sont difficiles et où la densité de la population est réduite. Or un message parlé peut porter à 200 mètres au maximum, tandis que les siffleurs peuvent s'entendre et se comprendre à huit kilomètres de distance. Sur la photo, on peut se rendre compte du relief escarpé de l'Ile de la Gomera.

3 - C'est une langue ?

Ces langages sifflés ne sont pas l'exclusivité d'une famille de langue précise ni celle d'une ethnie en particulier ; ils sont généralement l'adaptation de langues parlées, pour être entendues de loin. Ainsi le silvo gomero, le langage sifflé de l'île de la Gomera est une adaptation de la langue espagnole où les vibrations des cordes vocales sont remplacées par un sifflement pour faciliter la communication en terrain accidenté, afin qu'on puisse l'entendre de loin. Un siffleur qui le souhaiterait pourrait siffler en italien, en anglais, ou dans n'importe quelle langue.

4 - A quoi cela ressemble-t-il?

son Pour celui qui l'entend pour la première fois, le silbo gomero ressemble tout à fait au chant d'un oiseau. Il est possible d'exprimer cinq voyelles quoique pas aussi précisément que dans une langue parlée. En revanche, il n'y a que quatre consonnes, mais la ligne mélodique du sifflement, son rythme, ses fréquences, ses pauses et interruptions, ses intonations et la durée des sons, prennent un sens comme c'est le cas d'ailleurs pour le langage parlé.

5 - Comment le cerveau le perçoit-il ?

Les chercheurs, selon la revue Nature de janvier 2005 viennent de démontrer que pour comprendre un message sifflé, le cerveau mobilise les mêmes zones que pour comprendre une langue parlée. En revanche, le cerveau de ceux qui ne savent pas le langage sifflé mobilise d'autres zones pour l'écouter. On retrouve le même phénomène pour la compréhension par les sourds-muets du langage des signes ou pour la «langue morse» des opérateurs radio-télégraphistes. C'est une découverte importante pour approfondir nos connaissances sur le fonctionnement du cerveau humain.

6 - Quelle est son origine ?

Il existe peu d'études linguistiques sur le silbo gomero et il semble qu'elles aient toutes été faites par des étrangers. On connaît assez mal son origine. Quand Jean de Béthencourt débarqua sur les îles Canaries au début du XVème siècle, les habitants, les guanches, utilisaient déjà un langage sifflé pour communiquer d'une montagne à l'autre. Les guanches étaient de race blanche, souvent blonds aux yeux bleus, grands et forts et ils étaient vêtus de peaux de chèvres. On ne connaît pas avec exactitude l'origine de ce peuple. Evidemment, ils ne parlaient pas espagnol. On suppose que les conquistadors, firent séduits par l'idée de "siffler une langue" qui s'adaptait parfaitement à la géographie des lieux. Ils adaptèrent alors le système à la langue espagnole à partir du langage d'origine utilisé par les habitants préhispaniques de l'île.

7 - A quelle époque et en quelles circonstances s'utilisait-il?

Jusqu'à la première moitié du XXème siècle, le silvo gomero était utilisé quotidiennement. Les témoins qui voyagèrent aux Canaries à cette époque racontent qu'on entendait siffler tout au long de la journée, à n'importe quelle heure, y compris la nuit. Les cultivateurs communiquaient ainsi de hameaux en hameaux, les bergers d'une montagne à l'autre, les villageois d'une maison à l'autre, d'un bout à l'autre du village. Les femmes l'utilisaient pour appeler leurs maris ou leurs enfants, les bergers pour savoir si quelqu'un avait vu une de leurs chèvres qui s'était perdue. Il était très utile pour communiquer jusqu'à l'autre bout de l'île des informations sur la disparition d'une personne qu'il fallait chercher ou pour annoncer un décès. Tous étaient ainsi mis au courant, mieux que par le téléphone ou par le portable. On raconte même qu'il servit pour avertir la population lorsque des bateaux s'approchaient des côtes à la recherche d'esclaves. Il ne manque pas non plus de couples qui se soient rencontrés sans s'être jamais vus, en échangeant d'abord leur noms, puis en se donnant rendez-vous comme nous pouvons aujourd'hui nous rencontrer sur Internet et devenir amis. Bien sûr, le concept de l'intimité était tout autre. Chacun connaissait les difficultés de chacun et les habitants s'aidaient les uns les autres. On pouvait reconnaître le sifflement d'une personne de la même façon que nous reconnaissons les voix. Celui qui avait un secret à dire devait se déplacer et c'était alors considéré comme très intime. S'il ne l'avait pas fait, tout le monde sur l'île aurait été mis au courant, car les sifflements portent très loin.

8 - Existe-t-il encore ?

A partir des années 50, l'usage du silvo gomero commence à décliner pour diverses raisons. D'abord, les situations où on l'utilisait allaient en disparaissant, comme par exemple la garde des chèvres par les bergers. Ensuite, de nombreux habitants commencèrent à émigrer à Cuba, au Vénézuela ou vers d'autres îles des Canaries où l'on n'utilise pas ce langage, à la recherche de travail. Enfin, les moyens de communication modernes, comme l'apparition des premières routes, la presse écrite, la radio, plus tard la télévision et le téléphone, et maintenant Internet, ont joué un rôle important dans le déclin du silvo gomero. De nos jours, il n'a pas complètement disparu. On continue à l'utiliser dans de rares zones, en particulier là où on fait encore paître les chèvres. Par exemple à Igualejo où, en 1993, il n'y avait qu'une seule cabine téléphonique publique, on l'utilisait encore, même si ce n'était que pour appeler, en sifflant de maison en maison, une personne qui avait reçu un appel.

9 - Peut-il disparaître?

Depuis environ dix ans, des associations culturelles se sont mobilisées pour que le silbo gomero ne meure pas complètement. En 1998, il y eut une proposition de loi pour intégrer son enseignement dans les programmes scolaires des écoles de l'île de la Gomera. Le projet commença à s'appliquer dans les salles de cours le 10 janvier 2000 dans 17 cités scolaires de l'île. Des démarches ont été faites, en outre, pour qu'il soit déclaré Patrimoine de l'Humanité par l'Unesco. Peut-être aboutiront-elles en 2005. La génération qui a appris le silvo gomero dans sa jeunesse commence à vieillir et il est indispensable que ceux qui le connaissent l'enseignent aux générations actuelles avant que le langage ne disparaisse complètement. Il est important que ces connaissances sortent ensuite des écoles et que les habitants ressentent à nouveau le besoin de l'employer. Actuellement, des spectacles pour les touristes semblent être une idée intéressante pour motiver son emploi, en remplaçant un secteur économique, celui des bergers, par un autre non moins lucratif.

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    2006 par Deltarho  ••   deltarho@free.fr