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lesmains

«Les MAINS»

Avec en guise de prime jeunesse
Trente ans de folies meurtrières
De ces dictatures sans finesse,
Il restait dans ma gibecière
Un espoir, un air, un refrain :
«Il faut nous y mettre à deux mains»


«Si tous les gars du monde»
«Devenaient de bons copains»
«Et marchaient la main dans la main»
«Le bonheur serait pour demain.»
( Van Parys )

Et piano la scie de nos pères
Apaisait le reste de colère :


«Je le proclame»
«Les mains de femmes»
«sont de bijou»
«Dont je suis fou»
( F. Mayol )

Des yeux d' Elsa on raffolait
Tandis que Louis nous disait :


«Donne-moi tes mains pour l'inquiétude»
«Donne-moi tes mains dont j' ai tant rêvé»
«Dont j'ai tant rêvé dans ma solitude»
«Donne-moi tes mains que je sois sauvé»
«Donne-moi tes mains que mon cœur s' y forme»
« S'y taise le monde au moins un moment»
« Donne-moi tes mains que mon âme y dorme»
«Que mon âme y dorme éternellement.»
( Aragon )

Et Georges de nous dire bonnement :

«Qu' il est inconvenant vraiment»
«Qu' une pauvre poignée de main,»
«Victime d' un sort inhumain,»
«Alla terminer sa carrière»
«À la fourrière !»
( Brassens )

Cela m'amène à modifier
De Pascal la maitresse idée :
J' ai des mains, donc je dois penser.
C' est bien vrai, dirait un athée !

Ode aux Mains.

Quand lasse la pensée, se repose
Alors c' est la main qui transpose.
Elles peuvent en dire plus que le verbe
Et sans doute seront moins acerbes.
Elles charment nos marché de Provence,
À l' accent donnent de l' élégance.
Ne connaissant pas leur langage,
Manchot, je n' en ai pas l' usage.
On prétend que toute notre vie
Au creux de notre main se lit,
Mais là, pas la mienne à couper !
Haute main basse, austère main courante,
Qu' elle soit de première ou de seconde,
Impliquée partout dans ce monde
Elle nous est si valorisante !!
Serait-elle là pour nous flatter ?
Politique de la main tendue
D' accord, topons la, pas de mains mortes !
Plus que le cœur, pour les âmes fortes,
Pour pensées elles sont confondues.

Calamité, l' avons passé
À ceux qui, de suite, l'ont armée,
Imposteurs hurlant «haut les mains».
Comme se prendre la tête à deux mains
Ne leur est pas possible puisque
Qu' ils n' en ont pas, leurs mains risquent
De devenir outils d'artiste,
C'est pour eux, la suprême insulte,
Qu' ils nous reprochent dans leur tumulte.
Par l' outil le singe devint homme,
Pourtant je ne crois pas qu' il puisse
De l'ingénieux couteau suisse
Seul, sans ses mains, peler la pomme :
Adam préféra la croquer !
Un poil dans la main m' invite fort :
Arrête là, derechef, ton effort,
Cordialement je vous la serre.


δρ - février 2006.

 
   

    2006 par DeltaRho  ••  deltarho@free.fr