
«Epître pour Mémoire Vive.»
Partageons notre douleur, ami poète,
Dénonçons à grands cris l'horrible Hydre aux cent têtes,
L'animal fait Homme, à jamais sans épithète,
Et pour qui «l'autre» se traite au rang des bêtes.
Avril quarante cinq, ou février quarante quatre,
Le monstre hideux leur prit la vie à l'aube blanchâtre,
Aux motifs d'une religion, d'une logomachie,
Honte à cet amateur de gigantomachie....
Le monstre, déguisé homme, à son crépuscule
Ensemença la Terre de son immonde venin
Avant de s'immoler dans ce sombre édicule,
Persuadé, qu'il était, d'être le «bon» Malin.
La fille de Typhon échappe à tous jugements
Et même dans sa tombe elle se bat l' oeil du remord,
Car elle a su séduire foule d'amis de tous bords
Pour l'acquitter, sine dié, de tous châtiments.
Aussi point n' est utile de faire apologie,
d'offrir l'impunité, créer l'incitation.
Il n'y a pas lieu ici à démagogie
En garde, arrêtons de ces crimes, la narration.
Prônons au contraire de nos disparus l'exemple,
Montrons, s' il en est besoin, que leur seule décence
Est suffisante à démontrer leur innocence,
Que leur noms méritent bien d'être au fronton du Temple.
Ils s'appelaient Simon, Noël, Frédérique,
Religieux ou pas, ils croyaient en l'homme, leur frère,
Et doutaient, bien sûr, que ces «enfants» de bourriques
Puissent tout exterminer, Eux, leurs Soeurs, et leurs Mères.
Les bourreaux, féroces animaux aux temps païens,
Sont là d'essence unique, prétendus purs Aryens,
Capables de plaisanter, d'un sourire sardonique,
Alors qu'ils s'acharnent sur un enfant squelettique.
En dépit du nombre comment lutter à mains nues
Contre les armes de la machine en tenue de guerre.
Le courage ne fit pas défaut aux coins des rues
Aux rares détenteurs de fusil et de lance-pierre !
Certes ami poète, ils ont su, compris, ces pères
Qui n'ont pas connu leur enfant, et ces frères
Que des « amours » jaloux ont livrés aux bourreaux.
Ces enfants n'ont peut-être pas compris les barreaux.
Il ne peut être question d'oubli, de pardon,
Encore moins de vengeance, armé de mémoire
Et d'amour, de l'ignorance brisons les chaînons,
De ces ignominies débarrassons l' Histoire !
Toi seul, N und N, en mériteras la Gloire.
δρ , refonte novembre 2005.
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